Chambre de Stéphane

Théa ne savait plus quoi faire. Tout le monde était parti se coucher, mais elle ne trouvait pas le sommeil. Rester dans ce château ne la réussissait pas. Le fait d'être la seule humaine aux proies de plusieurs vampires lui était déplaisant. Elle repensait aux paroles de Rufus. Il fallait qu'elle le voit... Elle ne savait pas pourquoi, mais il le fallait. Était-ce dû au fait qu'elle se rendait maintenant compte qu'elle possédait ses scellées sur le corps... Ou bien au fait possible qu'il exerçait sur elle une attirance étrange. Ils avaient dormi ensemble la vieille et il l'avait aimée, énormément. Elle se souvenait de ce contact matinal, doux, chaud et rempli de tendresses inespérées de sa part. Après ce que Rufus lui avait dit, toute la journée ils étaient restés distants, peut-être se fuyant l'un l'autre. Et pourtant elle n'avait pas réussit à l'oublier, elle entendait encore ses cris. Il lui avait manquée. Mais, elle ne savait pas vraiment si elle l'admettait ou non. Elle avait été réduite à néant une fois à cause de l'amour et pendant des années, elle avait refusé à tout homme de partager ses sentiments avec elle. Puis lorsqu'elle était bras droit aux pieds des conseillers... Elle ne pouvait pas se permettre de faire n'importe quoi. Mais après tout, peut-être qu'avec tout ce temps passé, elle avait enfin réussi à oublier. Elle avait fait une pause dans son rôle de bras droit pour démarrer une nouvelle vie. Peut-être qu'elle redémarrait alors à nouveau son cœur. Mais pourquoi lui ? Pourquoi en si peu de temps... Pourquoi un vampire ? Qui plus est, un puissant, un terrifiant et celui travaillant personnellement pour Simeri. Elle aimait le danger... Mais jusqu'à un tel point ? Pas sûr. Pourtant son corps la guidait et saisissant la poignet elle s'engagea dans le long couloir sombre.

*Non reste dans ta chambre... N'y va pas. N'y va pas Théa* pensait-elle alors qu'elle cherchait à le retrouver. Ses pas se faisaient plus pressant, elle courrait sans vraiment s'en rendre compte. Savait-elle vraiment où elle allait ?

Elle entendit un bruit et s'aventura dans les escaliers en colimaçons. Elle aperçut l'ombre d'une chevelure blonde et entendit une porte se refermer. C'était lui, elle en était sûre. Elle attendit quelques minutes et s'approcha lentement de la porte. Elle resta devant à regarder les motifs dorés. Sa respiration se faisait de plus en plus lente alors que son cœur, lui, battait à la chamade. Allait-elle vraiment franchir le seuil de cette porte ? Elle resta muette et ferma les yeux. Elle tentait de focaliser son attention sur ce qu'elle pourrait entendre. Elle imaginait ce qu'il pouvait bien faire. De ce qui s'en dégageait de son caractère, il était pensif et réfléchi. Il devait certainement regarder par la fenêtre là, dehors. Plonger ses yeux au loin, faisant mine de regarder les ectoplasmes... Ou peut-être lisait-il... Elle secoua la tête.

*Ma vieille il est encore temps de reculer... Tu peux encore retourner dans la chambre qui est la tienne sans importuner le valet de ton hôte...*

Elle pensait aux différentes opportunités qui se présentaient à elle. Si vraiment elle n'arrivait pas à dormir, elle pourrait toujours demander à Anabiera de rester en sa compagnie... Mais ce n'était pas possible. Simeri venait de l'accepter en tant que prétendante, certainement voudrait-il profiter de sa promise. Ou même la protéger. La venue de Théa serait alors très mal prise. Non elle ne pouvait pas compter sur Ana. Elle pouvait toujours rentrer à la boutique du vieux... Mais elle ne connaissait qu'une seule des coordonnées pour se rendre ici, et Simeri et Anabiera ainsi que les conseillers lui demanderaient des explications quand elle franchirait le seuil de la grande porte quand au fait qu'elle ait dormi ailleurs. C'était impoli de faire ce genre de chose, pas question qu'elle commence. Elle avait dormi ses quatre heures hier... Si elle passait une nuit blanche aujourd'hui, elle tiendrait.

*Aller... Demi-tour... Demi-tour. C'est bon, tu as vu, tu es contente, tu sais où loge le beau Stéphane, maintenant retourne dans ta chambre et reste tranquille.*

Son corps ne bougeait pas pour autant. Elle murmura ses pensées à voix haute, d'un son inaudible. Mais tout la rattrapait. Le souffle de Stéphane sur sa nuque. Ses lèvres tièdes et tendres. Ses mains divines explorant audacieusement son corps. Elle en frémit. Elle voulait sentir son parfum, humer son odeur. Sentir la fraicheur de sa peau, alors qu'elle, serait bouillante. Elle pouvait dormir avec lui. S'il tentait quoi que ce soit, elle riposterait psychiquement. Elle avait deux choix: dormir seule et être dans la peur de se faire traquer par une dizaine de vampires si ce n'est plus, qui auraient été envoyés par les membres du conseil en vengeance de ce qu'elle avait fait subir à Taïga, ou dormir avec le psychopathe du coin, que personne sinon elle n'osait affronter et avec lequel elle avait passé une nuit plus qu' enflammée. A choisir, la seconde option était plus tentante. Elle lui avait déjà résisté une fois, alors pourquoi pas deux ?
Sa main droite se referma et elle toqua trois fois. Mais sans attendre la réponse, elle attrapa la poignet et la baissa tout en poussant. Stéphane était à côté d'elle, sur le pas de la porte. Peut-être même avait-il su qu'elle était juste derrière, à moins d'un mètre. Son regard gris se posa sur elle, sans laisser transparaître d'émotions. Il devait certainement se changer car il était torse nu, les cheveux encore mouillés par une douche récente et dont les goutes dégoulinaient sur son corps. Si elle était dans son état normal, Théa aurait sorti une réplique du style « Tu es foutrement sexy ! ». Mais elle ne le fit pas. Non l'ambiance qui trainait dans l'atmosphère ne s'y prêtait pas. Elle se rapprocha de quelques centimètres de lui, glissa une de ses mains sur sa nuque et l'autre sur ses côtes, alors qu'elle se surélevait un peu du bout des pieds pour atteindre ses lèvres. Elle l'embrassait avec toute la douceur qu'elle pouvait y mettre. Non ce soir, elle ne le chaufferait pas, elle ne l'aguicherait pas... Elle lui montrerait à qu'elle point sa présence lui avait manquée. La douceur laissa place à la passion. Elle le plaqua contre le mur, manquant renverser la petite commode sur laquelle se tenait un verre rempli d'un liquide bordeaux. Sa respiration était coupée, elle haletait. Elle glissa ses mains dans celles de Stéphane et la bâillonnait de baiser dans le cou. Elle se blottit doucement contre lui. Elle se sentait mélancolique. Peut-être prendrait-il son acte comme un geste impardonnable. Elle était venue, avait pénétré sa chambre sans même attendre sa permission, pour l'embrasser fougueusement alors que sa vision ne lui faisait ni chaud ni froid. Peut-être que Stéphane la mépriserait d'avoir de tels sentiments. Elle se laissait aller aux faiblesses du cœur et de la chair... Elle ne se sentait pas capable de dire qu'elle se damnerait à nouveau rien que pour vivre ces quelques moments avec lui, mais si il lui était possible de revivre un jour de sa vie, alors immédiatement, elle demanderait à revivre cette journée.
Elle le traina sur le fauteuil, le força à s'assoir et le chevaucha. Une idée farfelue lui parcourue l'esprit. Elle n'avait plus rien à attendre de cette vie, alors quitte à mourir, elle voulait s'offrir à lui dans un geste désespéré. Cela faisait depuis un moment qu'elle ne pensait plus, qu'elle ne réfléchissait plus. Il n'y avait pas de point logique là dedans. Elle ne savait pas pourquoi il l'attirait autant et elle refusait encore de se dire qu'elle éprouvait quelque chose pour lui. Alors elle avait mis fin a ses tortures mentales en décidant de profiter de l'instant présent.
Elle laissa tomber le peignoir de soi qui la couvrait et elle se retrouvait en robe de nuit légère de la même texture, les épaules dénudées. Elle saisit la coupe de sang, mit un peu du contenu dans sa bouche, sans l'avaler. Un filet coula le long de ses lèvres et quelques gouttes se perdirent sur son buste et sa poitrine. Elle regarda le jeune homme qui semblait toujours impassible, ou qui devait certainement masquer son incompréhension et elle l'embrassa, laissant le contenu de sa bouche lui parvenir. Le goût de fer se mêlait à la douce sensation de cet échange. Du sang coulait sur elle, mais cela donnerait à Steph la délectable occasion, peut-être, de vouloir la manger elle. Elle qui avait toujours lutté pour que personne ne s'abreuve d'elle, était décidément résolue à ce que la seule personne qui ait refusé accepte enfin. Un peu comme une vierge attendant le bon moment...
S’il n’avait aucun allié capable de l’aider… Elle, le ferait. Elle savait déjà ce que c’était de n’avoir nul par où errer après la mort. Qu’elle ait ses scellées ou non, cela ne changeait rien à son sort. Les faüster par définition n’allaient ni au paradis ni aux enfers. Elle aussi à sa mort serait condamner à errer. Alors pouvait-il réellement l’atteindre ? Elle l’ignorait. Mais elle avait quelques notions de télépathes, et s’il le fallait elle diminuerait ses souffrances en les partageant. Elle s’en faisait une mission personnelle. C’était son rôled’agir contre le mal. Adam lui avait offert l’éternité : un cadeau empoisonné. Il devait souffrir depuis si longtemps… Elle l’aiderait même si cela n’était que faiblement, même si il refuserait certainement son aide, elle le ferait.

Aristocrate Aspiration : neutre Messages : 27 Date d'inscription : 13/03/2010

Stéphane sortit de la douche ruisselant d’eau tout en s’essuyant les cheveux de sa serviette. Il lui sembla sentir une présence familière derrière la porte. Oui il sentait le scellé de Théa qui était tout proche. Il fit de sa serviette une jupe improvisée et s’avança vers la porte. Il s’arrêta sur le pas de cette dernière se demandant s’il voulait lui ouvrir à l’improviste. Il entendit alors toquer et s’apprêta donc à ouvrir quand la porte s’ouvrit d’elle-même : Théa se trouvait devant lui, elle le fixait d’une manière imperceptible vêtue d’un fin peignoir de soie. Elle s’avança vers lui, la porte se renfermant toute seule derrière elle, glissant sa main dans sa chevelure blonde lui caressant les cotes de l’autre elle l’embrassa avec une tendresse qui le toucha..

Elle le plaquait doucement contre un mur, quand il se demandait comment il devait réagir face à elle. Il se sentait s’attendrir en sa présence et il avait laissé ses sentiments l’envahir il y’a peu.. Il avait à nouveau souffert, les âmes perdues en lui s’étaient à nouveau manifestées. D’un autre côté, le dévoreur voulait qu’il continue de se rapprocher d’elle.. mais le plus étrange c’est qu’en dehors de toutes ces choses il désirait ressentir à nouveau la passion de la veille..

Elle le fit s’assoir sur son fauteuil et s’installa sur ses genoux et fit tomber lentement son peignoir laissant transparaitre une légère nuisette de soie. Stéphane délecta son regard de ses formes magnifiques, sentant sa chaleur contre son corps. Elle attrapa la coupe de sang qu’il s’était préparé et il ne comprit pas son geste : elle en prit une gorgée et l’embrassa mêlant ce baiser avec le sang..

Ses sentiments se mélangèrent, il ne savait quoi penser de cela, mais lentement ses pulsions de vampire prenaient le dessus – non il ne voulait pas franchir les principes de son maître, non il ne voulait son sang à elle.. Non. Mettant fin au baiser il l’embrassa dans le cou et la poitrine, léchant alors les gouttes de sang qui s’étaient enfuies. Il ne pouvait cependant pas lutter, la corruption du dévoreur était trop forte, l’odeur de Théa était enivrante et il sentait le flux de sang si proche de Théa. Ses yeux s’embrasèrent d’une couleur rouge sang et ses canines devinrent acérées..

Il les planta dans son cou et s’abreuva lentement du sang de Théa. Des larmes chaudes coulaient de ses joues s’écoulant ensuite sur la peau de Théa – il n’éprouva aucun plaisir de cet acte, acte qui s’était interdit, mais qu’il ne pouvait s’empêcher de faire..

Suite à quelques gorgées, son instinct bestial semblait apaisé et ses canines redevinrent inoffensives. Il serrait Théa contre elle et ne voulait pas les fixer : ses larmes coulaient toujours. Le masque semblait à présent brisé. Elle avait eu raison de ses barrières d’indifférence et de mépris qui lui permettaient d’avoir le dessus sur la corruption du dévoreur et de son instinct bestial de vampire. Il était à présent à la merci de ce sentiment et avait trahi les valeurs de Simeri.. Il n’acceptait pas cette réalité et ne voulait pas faire face à Théa.. Il l’avait trahie elle aussi en s’abreuvant de son sang..

Des cris et des hurlements envahirent sa tête.. Non ce n’était pas le moment ! Il n’était pas prêt à lutter ! Il eut l’impression que son crâne s’entredéchirait à cause de la douleur.. Il réprima difficilement un hurlement.. ses muscles se contractèrent.. On aurait dit qu’il faisait une crise d’épilepsie..

Stéphane la mordit violemment et elle ne put s'empêcher d'émettre un gémissement de douleur. Elle vit les larmes de Stéphane couler. Ainsi donc pleuraient-ils de la même façon... Par le sang. Il se cacha dans sa nuque et elle ne le retint pas. Elle le serra contre elle, fermant les yeux. Elle ne lui en voulait pas... Elle l'avait cherché. Ainsi demeurerait-elle à lui jusqu'à la fin. Les larmes de Stéphane coulaient sur ses épaules. Elle voulait le rassurer...

« Stéphane... Tout va bien. »

Elle le serra contre elle, réprimant un cri. Non ça n'allait pas, du moins pour elle. Elle se rappelait encore des cris de Stéphane la veille et ce que lui avait raconté Rufus l'attristait encore plus. Elle venait de lui affubler une souffrance supplémentaire. Elle pensait bien faire, mais en réalité, elle n'avait fait que le faire souffrir encore plus. Tout ce qu'elle voulait... C'était le rendre heureux, même de façon éphémère. Elle ne pouvait plus supporter tout ça.
Soudain le corps de Stéphane s'écroula et il retomba dans un délire profond. Son corps convulsait sur le sol et Théa resta immobile. Tout semblait tordu. Les images de Stéphane se confondaient avec les images d'un autre homme se tordant sur le sol. L'homme était taché de sang et à côté de lui gisaient des membres d'enfants et de la chair brulée. Tout s'alternait, un coup la vision de Stéphane, puis la seconde d'après celui de l'homme gisant sur le sol.

« C'est de ta faute Théa... Tout est de ta faute. »

Les scellées de Stéphane apparaissaient sur son son corps et grandissaient. Alors qu'à l'origine les étranges signes n'étaient que sur le cou de Théa du côté gauche, ceux-ci s'étalèrent sur son visage jusqu'à son œil et à l'autre bout, descendaient jusqu'à son ventre. Cette progression la brula un peu et elle reprit conscience. Elle s'écroulait sur le sol auprès du jeune homme et prononça plusieurs fois le nom de Stéphane. Celui-ci était pris d'une violente folie qui ne cessait pas. Ses cris se faisaient encore plus déchirant alors qu'il suppliait aux esprits de le laisser tranquille. Théa tenta multiples caresses tendres pour le ramener à la raison alors que la panique la saisissait de plus en plus.
Désespérée de toutes ses tentatives d'aide ratées, elle dessinait sur le sol un pentacle avec son sang mélangé à celui de Stéphane. Elle prononça un cérémonial en latin, tout en priant mentalement.

* Pitié faites que j'y arrive... S'il vous plait mon Dieu, que j'y arrive... *

Elle n'avait jamais pratiqué ce genre de rituel forcé réservé d'ordinaire aux Shamans. Mais les ayant fréquentés, elle en avait entendu parlé et avait même assisté à ce rituel. Ce n'était pas tout à fait de l'exorcisme. Elle en était parfaitement incapable. Mais les Faüsters savaient manier les pentacles comme le faisaient les Shamans, alors peut-être y arriverait-elle. Si elle ne pouvait soigner le mal par l'extérieur, elle serait obligée d'agir de l'intérieur. Pourtant elle tremblait. Elle tremblait affreusement et était terrifiée. Stéphane avait-il autant de valeur à ses yeux pour qu'elle agisse de cette façon ? Depuis qu'elle le connaissait, elle ne cessait de mettre sa vie en jeu. Pourtant, ce qu'elle ressentait à ce moment précis était si profond. Elle se retenait de pleurer tellement tout devenait que trop éprouvant. La matinée, elle s'était retenue de fondre en entendant l'homme qu'elle venait de quitter hurler à mort. Mais là, elle se trouvait directement en présence de la scène et elle se sentait coupable. Une voix au fond d'elle la traitait de traitresse, de coupable et de fille du mal. Elle luttait pour ne pas succomber au désir fulgurant qu'elle avait de se punir elle-même. L'heure n'était pas à avoir des remords mais à trouver un moyen de faire cesser le jeune homme blond qui se tordait de douleur de souffrir. Elle ne pouvait rien faire contre ses scellées. Elle ne pourrait pas les enlever, elle ne pourrait pas non plus l'exorciser du dévoreur... Elle n'avait aucun pouvoir sur ça, et même un chef shaman n'y arriverait peut-être même pas. Seule le SoulMaster le pourrait, mais il ne prenait vie que tous les 2 Siècles environs et on ne savait jamais quand ni où.
Elle continua la diction. Le rituel serait plus dangereux pour elle que pour lui. Il ne risquait normalement absolument rien. Ce rituel avait pour but le partage. Lorsque des Shamans ne réussissaient pas à exorciser un démon, ils réduisaient les souffrances du possédé en les partageant avec eux. Ainsi, si Stéphane souffrait d'un surplus d'esprit, Théa s'arrangerait pour qu'une partie vienne en elle. Elle souffrirait autant que lui, mais au moins, il serait peut-être soulagé. Mais si cela échouait, elle en garderait des séquelles... Son cœur battait à la chamade. Elle redoutait ce que pouvait endurer Stéphane. Que pouvait-il subir ? A quelle échelle souffrait-il ? Et si cette échelle était au-dessus de ce que pouvait endurer les humains ? Elle était encore humaine, et elle ressentait encore la douleur... Peut-être pourrait-elle en mourir ?

Alors que le pentacle finissaient de se compléter de signes, Théa s'agenouilla auprès de Stéphane. Elle saisit l'une de ses mains et elle la serrait fort alors que le jeune homme continuait toujours à avoir des secousses. Des larmes rouges coulaient sur les joues de Théa. Cela faisait depuis si longtemps qu'elle n'avait pas pleurer. Et encore plus pour un homme.

« Pardonne-moi Stéph... Je suis désolée... Je suis désolée Stéphane. »

Elle continuait à prononcer des excuses incessantes. Le sang du pentacle disparu et le corps de la jeune femme s'écroula telle une larve molle à moitié sur le fauteuil. Théa entra immédiatement dans un rêve....

…. Ou plutôt un cauchemars. Ce qu'endurait Stéphane était loin d'être rose, ni même imaginable. Elle peina à trouver une explication rationnelle à tout ça. D'accord, dans le monde de la nuit, elle s'était battu de nombreuse fois, avait eut l'occasion d'assister à de multiple reprise à des scènes gores ou même ce que qualifiaient les jeunes d'aujourd'hui de « Hardcore ». Mais la ça dépassait vraiment le summum de ce qu'elle avait vécu. Mélange de chair en décomposition, de cris non humains déchirants, mélangés dans une sorte de brouillard violet et tant d'autres éléments qu'elle ne pouvait décrire tellement le fait que ce genre de choses puissent exister était difficile à conceptualiser pour elle... L'odeur et la vision du sang... Partout. L'air était saturée de l'odeur de pourritures nauséabondes. Stéphane avait-il vraiment autant de choses accumulées sur la conscience depuis ces 200 ans qu'il vivait ?! Ce n'était pas possible. Il n'était pas humain. Ce n'était pas possible de vivre avec ça sur la conscience. Théa essayait de marcher mentalement dans la brume. Son corps la brulait la démangeait. Elle allait craquer, plus elle s'avançait et plus la souffrance était vive, alors que les âmes présentes dans la conscience de Stéphane tournoyaient autour d'elle et cherchaient à l'attaquer. Elle continua d'avancer, malgré la douleur. Elle devait le faire... Pour Stéphane... Pour elle-même. Elle atteint un lieu étrange, toujours entouré de cette brume violette. Un bruit surgissait d'un endroit devant elle.

« Théa... Je suis votre cauchemars... »

Une mains vieille et charnue sortait de la brume et tentait de l'agripper alors qu'une chose étrange commençait à avancer. Était-ce l'apparence du dévoreur ? Était-il aussi... Hideux et repoussant ? Il cherchait à l'attraper... Que faire ?! QUE FAIRE ! OU FUIR ? Ses jambes se dérobaient sous elle. Elle courait sans savoir où aller alors que les esprits sortaient de nul par et tentaient de la happer dans l'ombre.

« LASSEZ-MOI SORTIIIIR !!!!!!!! »

Son veut fut exaucé. A peine se fut-elle réveillé de son propre corps qu'elle hurla à mort comme une déglinguée. Ce qu'elle était. Elle entendait encore les âmes en souffrance dans sa tête et elle ne cessa de crier à s'en décrocher la mâchoire même. Mais elle avait échoué. Ils étaient trop nombreux et Stéphane souffrait toujours autant. Les scellées de Stéphane sur son corps la brulaient si vivement qu'elles s'étaient ouvertes et que le sang coulait, décrivant parfaitement les motifs. D'autres scellées apparaissaient sur son corps. Mais quand elle vit la plus grande d'entre eux apparaître sur son corps, elle prit rapidement conscience de l'importance cruciale qu'elle devait absolument tout supporter et se calmer d'elle-même. Car si celle là cédait... Elle entrerait immédiatement en guerre avec les vampires. Si elle était trop en danger, c'était l'Entité directrice en personne qui prendrait possession de son corps. Elle effectuerait alors pleinement son rôle de bras droit et celui-ci rentrerait dans une fureur noir que pas même Stéphane ne pourrait contenir. Elle ne pouvait pas faire utilisation d'un missionnaire de Dieu ici. De plus, si elle l'appelait sans raison valable, elle serait immédiatement démise de ses fonctions et sévèrement châtiée... On ne jouait pas avec ce qui est transcendant. Elle se mordit le bras pour réprimer ses convulsions. Elle devait tenir... Ne pas faire sauter cette scellée là... Elle fut atteint d'un violent spasmes puis les cris des âmes finirent par être chassé de son esprit. La grande scellée disparue ainsi que toutes celles qui n'avaient aucun lien avec celle de Stéphane. Quand elle reprit pleinement conscience dans son corps douloureux et mutilé de toute par à cause des différentes griffures que lui avaient infligée les âmes dans le rêve de Stéphane. Le jeune homme semblait visiblement calmé et reposait dans un sommeil profond. Théa s'allongea auprès de lui un instant. Son corps tremblait encore de peur contre celui de Stéphane. Elle devait trouver quelque chose pour se rassurer. Elle se nicha dans le cou du jeune homme, elle le ballonnait de baiser tout du long et remonta jusqu'à son menton, sa lèvre inférieure... Puis à effleurer ses lèvres des siennes. Ce contact la rassurait. Stéphane avait retrouvé son calme. Elle lui murmura des paroles douces, cherchant à se réconforter aussi elle-même.

« On va s'en sortir... Mon beau blond. »

Une odeur exemplaire à celle qu'elle avait respiré dans le rêve se dégageait autour d'elle. Les scellées violettes que possédait Stéphane s'agitaient sur lui. L'espèce de viscosité que Théa avait déjà vu le matin dessinait les motifs. Le cauchemars semblait reprendre vie. Dans la panique totale, Théa cria le nom de son hôte. Le seul qui serait capable de faire cesser tout cela... Enfin elle espérait qu'il connaissait Stéphane et ses maux plus qu'elle n'en savait et qu'il pourrait l'aider....

« SIMEEERIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!! »

Cependant, comment réagirait-il en voyant du côté gauche du visage et du corps de Théa les scellées de Stéphane ensanglantées et du côté droit de son cou, les traces évidentes des crocs de Stéphane ? Les larmes de Théa reprirent de plus belle et elle se laissait aller à pleurer ouvertement. Elle n'avait plus « son masque » depuis bien longtemps... Depuis qu'elle avait rencontré Stéphane. Elle était immédiatement tombée sous son charme...

Simeri ouvrit violemment la porte de la chambre de Stéphane – son ombre cernée de violet avait pris la forme d’un énorme monstre et ses tentacules grimpaient rapidement sur le sol pour se saisir de Théa qui tenait le blondinet dans ses bras en pleurant.. Le prince vampire contracta ses muscles et d’une puissante poussée surhumaine se retrouva entre Théa et Stéphane, repoussant ce dernier avec force contre le mur. Il se retourna et cria à sa belle qui l’avait suivi :

« Anabiera ! Prends soin de Théa.. et éloignez-vous de nous ! »

Il eut à peine le temps de se retourner que deux tentacules brumeux s’enfoncèrent dans son torse.. le sang se mit à couler abondamment des deux plaies sur le torse nu de Simeri en se liant à la sueur. Le monstre continuait à enfoncer ses deux extrémités pour l’empêcher de régénérer. Le prince vampire attrapa ces deux extrémités, l’ombre vivace lui brulait les mains, il releva le regard vers Stéphane, le jeune vampire ne ressemblait en rien à ce qu’il était d’ordinaire : le souffle lourd et le corps entièrement nu on pouvait voir que le tatouage avait recouvert presque tout son torse et s’était rependu a son œil qui comme l’œil de la paume était devenu violet.. Non ce n’était pas le regard de Stéphane, c’était le dévoreur qui avait pris sa place..

« Aaaahhh ! »

Simeri hurla en retirant de force les tentacules qui transperçaient son torse. Les plaies se renfermaient rapidement bien qu’un fluide noir fumait abondamment en réaction comme ralentissant la régénération du vampire. Il tira violemment sur les deux extrémités voraces du dévoreur le rapprochant de lui et lui assénant un violent coup dans le ventre. Stéphane se plia en deux, mais chargea le prince et le choqua contre le mur tout en lui rendant la pareille d’un coup de genoux dans les reins. En reprenant à peine ses esprits, Simeri esquiva de justesse un coup de tentacule visant sa tête. Repoussant Stéphane il le fit s’étaler lourdement à terre. Il enjamba son jadis fidèle serviteur pour le bloquer au sol, mais eu il à peine terminée sa clé qu’il sentit une vive douleur au niveau de l’abdomen entendit Anabiera hurler de terreur alors que sa vue devenait floue..

Simeri se retrouva dans un vaste espace sans fin complètement plongé dans l’obscurité. Une paupière s’ouvrit dans ce que l’on aurait pu qualifier de ciel dans ce néant laissant place à un énorme œil violet. Il fixait Simeri qui commençait à entendre une voix sifflante dans sa tête :

« Mon petit Sssssimeri.. Ccccela faizzzzzait fort longtemps.. Te rappelles-tu donc du bon vieux temps ? »

Simeri ne regarda pas l’œil et lui répondit tout en l’ignorant..

« Je me rappelle Dévoreur.. Mais tout comme il y’a deux cents ans, tu n’arriveras pas à tes fins avec moi.. »

Le prince vampire porta son pouce droit à ses lèvres et le mordit jusqu’au cent de ses canines. Portant son doigt jusqu’à son nombril où l’on pouvait voir un large scellé violet et brillant, il dessina par-dessus un cercle ainsi que des chiffres occultes à l’intérieur.. Il se mit enfin à murmurer dans un langage impie :

« Mestr al en val senac meneo estna zeï.. »

Soudain tout le ciel de cette étendue de néant fut recouvert d’yeux violets clonent du premier et on put entendre des hurlements de mécontentements et de haines, finalement la voix sifflante raisonna encore une fois dans la tête de Simeri :

« Noooon ! Tu ne peux pas, plus maintenant ! .. Nous nous retrouverons vampires ! Tu ne pourras m’échapper éternellement ! »

Le tout se dissipa : Simeri se retrouva toujours au dessus de Stéphane – le bras droit de ce dernier était profondément incrusté dans le ventre du prince vampire. Simeri souriait, pour on ne sait quelle raison. Il porta sa main à ses lèvres et croqua dedans à pleines canines. Un mince filet de sang descendit lentement le long de son bras.. Plaçant son bras au dessus de la tête de Stéphane de fines gouttes tombèrent entre ses lèvres..

Les yeux de Stéphane s’embrasèrent d’une leur sanguine, ses canines s’acérèrent.. Son corps nu se convulsa et ses muscles se contractèrent.. Il émit un hurlement de rage.. Simeri s’empressa de dessiner un cercle avec des chiffres sur le dos de sa main droite et prononcer quelques formules impies.. Stéphane se mit à se débattre violemment, mais Simeri le retenait au sol de toutes ses forces, ses muscles se gonflant sous l’effort. La peau de Stéphane se grisait.. Comme s’il se métamorphosait en chauve-souris.. Le tatouage perdait de l’ampleur.. Puis il eut un cri strident de sa part comme celui d’une bête enragée prise au piège..

Le prince vampire prit son serviteur par les cheveux et relevant légèrement sa tête l’écrasa violemment contre le sol.. Le corps de Stéphane ne bougea plus.. Était-il mort ? Non c’était impossible.. Simeri aurait pu le tuer si facilement depuis le début.. Il se releva en extrayant le bras de Stéphane de son abdomen.. du sang gicla et sa blessure se renferma rapidement.. Il fixa Théa un instant.. Il prit Stéphane dans ses bras et s’approcha du bras droit..

« Emmenez-le si vous y tenez asse pour lui donner votre sang.. Il n’est plus en sureté ici, tout comme vous.. Je n’aurais pas asse de légitimité pour le protéger du conseil.. »

Il fixa Théa d’un regard lourd de signification.. Il espérait qu’elle comprendrait ses actes.. Et qu’elle mettrait Stéphane en lieux sûrs au plus vite..

Anabiera vint se poster auprès d'elle après le conseil de simeri. Elle tentait de la serrer contre elle, aussi fort qu'elle pouvait afin qu'elle ne puisse voir la scène qui se déroulait. Les larmes de Théa ne cessaient de couler. Ana la retenait, mais elle perçut à sa voix qu'elle aussi avait peur et qu'elle se retenait de crier.

" Ne regardez pas non... "

Elles restèrent un moment serrées l'une contre l'autre.

* Qui l'eut cru... Je la protégeais hier et aujourd'hui, c'est elle qui me protège. *

Elle avait besoin de quelqu'un sur qui s'appuyer... Ses nerfs allaient lâcher... Elle regretta que les conseillers lui aient enlever le sortilège qui l'empêchait d'avoir des excès de sentiments... Ils avaient fait exprès. Elle avait compris la leçon maintenant. Sans eux elle était vulnérable. Ils espéraient que le fait qu'elle soit prise en grippe par ses sentiments la ramènerait. Ils allaient la récuperer... Elle ne se sentait vraiment plus assez forte pour subir tout ça. Depuis quand aimait-elle à ce point cet homme qui à l'heure actuelle se faisait torturer par le prince des vampires ? Elle voulait crier... Elle voulait se punir, s'ouvrir les veines et observer. Mais elle ne pouvait montrer une telle preuve de faiblesse devant Simeri. Elle expérimenta plusieurs autres sentiments. Mais celui qui décrivait vraiment le mieux ce qu'elle ressentait c'était l'impuissance. Ana la serrait toujours, mais elle se desserait de son étreinte.

Les souvenirs défilaient en elle. Elle se rappelait de sa rencontre avec Anabiera. Aussi tôt elle avait vu naître en elle, un instint protecteur. Elle voulait proteger cette enfant, elle qui ne pouvait en avoir... Et puis elle avait rencontrée Stéphane.
Stéphane...
Elle entendait encore raisonner en elle ses paroles.

... Le sang des De Lomnoir est notre fierté !
... Un jour vous serez comme moi une des rares et fières vampires à porter ce sang !
... Je suis l’ombre de Simeri De Lomnoir qui est mon maitre, mon corps et mon sang ! Je suis celui qui gardera les arrières de Simeri à tout jamais, celui qui veillera à son bon entourage et le protégerais des complots et des machinations ! Je percerais les maléfices des vilains en apprenant la vérité de leur âme même ! Sans Simeri je ne suis rien, mais sans moi il est en danger..

Sans Simeri... Sans Simeri pour t'entraver... Elle ne pu s'empêcher de regarder les derniers instants. Elle avait eut raison d'appeller à l'aide et de demander le soutient de Simeri. Bien que Stéphane semblait complètement fou, il tenta de le maîtriser sans lui faire trop de mal. Il fut cependant obligé de se défendre et fracassa la tête de Stéphane sur le sol. Le visage de celui-ci baignait dans la sang quand le Prince le lui apporta. Elle du réprimer un suffoquement de douleur.
Pourquoi Simeri l'avait-elle fait mander ici ? C'était de sa faute à elle si Stéphane perdait le contrôle. Elle n'était qu'une... qu'une parazite qui avait semer la zizanie chez les vampires. Ses paroles entaillèrent son coeur sans qu'elle ne puisse trouver matière à répondre:

« Emmenez-le si vous y tenez asse pour lui donner votre sang.. Il n’est plus en sureté ici, tout comme vous.. Je n’aurais pas asse de légitimité pour le protéger du conseil.. »

Elle avait envie de parler... De crier... Mais elle ne le pouvait pas... Tout comme elle ne pouvait pas pousser de jurons comme elle l'aurait fait si elle se trouvait en présence du vieux... Elle s'en voulait vraiment. Par sa faute... Stéphane avait perdu la chose pour laquelle il avait toujours lutté. Il ne pouvait plus rester au château... Il ne pourait plus proteger son prince.
Qu'avait-elle fait ?
Elle ne pouvait cependant pas le laisser livré au conseil. Elle ne savait pas quoi véritablement dire à Simeri. Elle avait honte et se sentait impuissante. Elle était plus faible que jamais. Où était donc passé Théa Emmaline Handelson ? La fière et droite bras droit ? La fervante reconvertie qui ne se laissait atteindre par aucune chose ? Lorsqu'on lui donnait un ordre... Elle obeissait c'est tout. En réalité elle avait été aussi docile que Stéphane ne l'était avec Simeri.
Mais maintenant, elle se dégoutait elle-même. Elle avait été incapable de se défendre elle-même.

* Théa... Honte à toi. *

Ellle osa timidement croiser le regard de Simeri. Elle était indigne. Dans une voix cassé par les larmes elle lui dit:

" Merci... Prince "

Elle dessina un cercle dans le vide, prit la main de Stéphane et leurs deux corps furent engloutis.
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